Pourquoi arrête-t-on de faire de la balançoire ?
Où quand j'ose côtoyer mon enfant intérieur.
Il y a ces pensées légèrement obsessionnelles qui finissent par se mettre dans un coin du cerveau et qui refont surface telle une épiphanie : moi c’était la balançoire pour adultes située au Stadtpark1. Un soir, je me suis décidée à aller à sa rencontre.
Retour à l’enfance
Il faisait un temps à rebuter les Hambourgeois en plein mois de mai — ciel gris, vent frisquet, on se sentait comme en octobre — parfait pour s’y atteler incognito. Autour de moi, quasiment personne. J’y déposais doucement mon derrière quand j’entraperçus un groupe de sportifs à cinquante mètres qui se trémoussait sur un ensemble d’exercices. J’ai hésité un instant, puis je me suis lancée.
Les mains agrippées sur les chaines, c’était comme le vélo : le mouvement est revenu instinctivement. Les jambes tendues pour s’élancer vers l’avant et les jambes repliées pour pousser vers l’arrière.
Au fur et à mesure des va-et-vient, j’allais de plus en plus haut. Une drôle de sensation m’envahit : une poussée d’adrénaline afficha un sourire béat sur mon visage. Musique rêveuse dans les oreilles et esquisse d’un coucher de soleil parsemé de nuages cotonneux, j’ai prolongé le plaisir une bonne demi-heure.
Une pure joie infantile avait chassé ma journée de travail planquée derrière un écran. L’esprit plus affûté, je me suis alors demandée : mais pourquoi arrête-t-on de faire la balançoire ?
Le pourquoi du comment
J’ai listé les raisons communes qui pourraient traverser l’esprit de beaucoup.
Liste peu exhaustive :
Nos charmants fessiers ne rentrent plus.
Les balançoires sont toujours occupées
On a pas d’enfants chez soi ou autour de soi (pas d’occasions)
On a pas le temps
On voit le danger partout
On passe nos vies sur les écrans
Ça rend malade (effet montagnes russes)
On a été traumatisé durant l’enfance
Dépasser le regard des autres, c’est dur
Puis, par curiosité, j’ai posé ma question à Google et je suis tombée sur la même interrogation sur Thread, qui date d’avril dernier.
Pour ma part, je crois que le plus compliqué reste de dépasser ce fameux regard des autres.
Dépasser le regard des autres
Pour tout dire, depuis, j’en ai fait une activité exutoire hebdomadaire. Mais j’y vais toujours le soir en semaine quand c’est quasiment déserté par les familles. D’ailleurs au moment où j’écris, j’y suis allée il y a environ deux heures après une journée émotionnellement éprouvante. Ça a bien fait son effet de calmer mon système nerveux, je vous le jure.
Deux adolescents sont passés devant moi et j’étais morte de rire, comme si je faisais quelque chose d’interdit. Mais par quelle entité ? Depuis que je me suis expatriée, j’ai un peu ce sentiment que j’ose faire des choses que je n’oserais pas faire en France. Est-ce seulement une question culturelle (1), le fait vivre dans une grande ville où l’individualisme règne (2), ou est-ce seulement lié à l’âge (3) ?
Peut-être un peu des trois :
(1) Hors de chez soi, on ose plus, parfois trop. Un peu comme “ce qui se passe à Vegas, reste à Vegas”.
(2) Passer d’une petite ville à une grande ville, c’est recevoir encore plus stimuli dans tous les sens. À force, on ne prête plus attention à ce (et ceux) qui nous entoure. Il est aussi possible que plus on monte dans le nord, plus la population s’individualise (je l’ai expérimenté en Suède mais c’est une autre histoire).
(3) Plus on mûrit, moins le regard des autres nous pèse. On se pose moins de limites.
Hambourg à emporter
En dehors de la balançoire, j’adore la verdure présente dans cette ville. Mon quartier est l’un des plus verts grâce à ses arbres, canaux et jardins particuliers. J’ai surtout la chance d’être tout proche du Stadtpark équipé d’un mini lac et d’une mini-forêt. Et vraiment, ça permet d’oublier qu’on vit dans une ville. Depuis près de deux ans, je me suis mise à m’y promener quasi tous les jours pour évacuer mes pensées et me reconnecter. Chaque saison a son charme. Chaque promenade me fait découvrir un nouvel aspect du parc et apaise mes réflexions.
Et vous, vous avez un petit rituel pour extérioriser le flot de vos
pensées ?
Je souhaite à tout le monde de trouver sa propre balançoire, quelle qu'elle soit.
Vos pensées m’intéressent : laissez un commentaire et échangeons ensemble.
Le parc de la ville en allemand
C’est drôle j’ai discuté avec ma petite fille hier du « quand arrête t’on d’éviter les crocodiles sur les trottoirs et de marcher sur les murets ? » sa conclusion : « tu as moins d’énergie que moi alors tu fais plutôt les trucs dans ta tête »😀
"Pourquoi arrête-t-on de faire de la balançoire ?" : titre génial qui pourrait être celui d'un livre. C'est vrai ça, pourquoi ? Il y en a une chez mes parents. Tu m'as donné envie de l'essayer...